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Hôtels

L’hôtel du mois : Le Park Hyatt Marrakech

Cet hôtel a été l’Arlésienne de Marrakech, tant on a attendu son ouverture, maintes fois reportée. C’est chose faite en soft opening depuis début juillet. 

Je viens de le visiter et j’ai été charmée par ses volumes majestueux, sa décoration intemporelle mais profondément ancrée au Maroc signée Imaad Rahmouni, et sa gastronomie de haute volée. Des critères dans l’ADN de la marque Park Hyatt, la plus luxe du groupe hôtelier américain. Mais à Marrakech, le Park Hyatt cultive aussi sa singularité, équilibre subtil entre héritage et avant-garde.

Un hôtel arty

Installé dans la zone résidentielle d’Al Maaden sur 7,5 hectares à la lisière d’un golf 18 trous, l’hôtel profite d’un cadre unique et préservé.

Dès mon arrivée, j’ai été impressionnée par l’immense portail en marbre blanc de Calacatta veiné de gris et d’or, par les hauteurs sous plafond (7,5 m) du lobby accentuées par des bibliothèques/cloisons aux lignes pures habillées d’appliques en laiton et par les moucharabiehs qui filtrent la lumière. Les marbres noir de Khenifra, rose du Sahara et blanc d’Italie se mêlent pour former un sol composé de triangles berbères, fil rouge de la décoration intérieure.

Ici les couleurs sont inspirées de Marrakech, de l’ocre des murs au vert des canapés tout en courbes.

J’ai adoré l’esprit arty très marqué, en écho à l’ébullition artistique de Marrakech qui s’incarne dans la présence d’œuvres d’art partout, résultat d’un partenariat avec la résidence d’artistes Ifitry, au nord d’Essaouira. Plus de 700 pièces ont été réalisées spécialement pour l’hôtel par une quinzaine de plasticiens originaires du Maroc, du Sénégal, du Bénin, de France, d’Italie et du Japon : céramiques, peintures, photographies, sculptures… L’une des plus spectaculaire reste le monumental lustre de près de 600 pièces de céramiques figurant une constellation de météorites réalisée par la plasticienne Mounat Charrat.

Deux salons encadrent le lobby, l’un très lumineux avec des étagères remplies d’œuvres d’art (coup de cœur pour les sculptures d’Orenzo) de de livres pour un supplément d’âme, l’autre plus sombre, idéal pour siroter un cocktail en fin de journée.

Des chambres à la décoration contemporaine ancrée dans la tradition

Pour accéder aux 130 chambres et suites dont la conception s’inspire de l’architecture vernaculaire des douars (villages) et des riads, il faut traverser le jardin planté de graminées, palmiers, lauriers, jasmins…et longer une jolie piscine familiale.

Chaque douar dispose d’un patio central autour duquel sont distribuées les chambres et suites de 55 à 350 m2 avec terrasse offrant des vues sur l’Atlas, le golf, la piscine ou le potager.

J’ai adoré les touches de Maroc qui réchauffent la sobriété des chambres : panneaux de bois inspirés du tataoui des kasbahs du sud pour les têtes de lits décorées des toiles à l’encre de de la peintre Khadija Tnana, poufs en cuir, tapis berbères épurés, luminaires en laiton aux formes contemporaines.

Gros coup de cœur pour les salles de bain qui font la part belle aux matériaux locaux (marbre noir de Khenifra et pierre de Taza, un bloc à l’état brut servant de porte serviettes et rappelant la minéralité des lieux) et, pour les douches, qui, à la manière de Bali, donnent sur un patio privé arboré. 

Un spa à la fois labyrinthe et lumière

La visite se poursuit avec le Spa de 2200 m2 au décor minéral apporté par la présence de la pierre de Taza. On se perd dans son labyrinthe semblable à celui de la médina.

Dix cabines (dont deux suites pour deux avec hammams privés) proposent des soins traditionnels marocains avec les produits Nectarome, et des soins holistiques avec la marque australienne vegan Sodashi. Il y a aussi une salle de sport, un studio de yoga, un salon de coiffure et un institut de beauté. Mais ma préférence va au petit concept-store à l’entrée du spa offrant une sélection pointue (mention spéciale pour les vêtements exclusivement réalisés par Lup 31 pour le Spa) et la piscine couverte tapissée de bejmats verts de Fès qui s’élance sous un plafond vouté incrusté d’une myriade de lumières et s’ouvre sur une immense verrière. 

Suite de la visite à l’écart de l’hôtel : le kids club avec son énorme trampoline, sa scène de théâtre, sa salle à costumes et ses jeux d’eau et l’espace dédié aux évènements et conférences composés de différentes salles habillées de bois et d’une cuisine pour les cooking class.

Une cuisine émotions

J’ai ensuite testé la carte du Pavillon Terrace & Pool conçue par le chef executif Issam Rhachi, un natif de Marrakech qui a grandi dans la médina avant de se former à la gastronomie française – son diplôme de l’école hôtelière de Marrakech en poche –  auprès de chefs aussi prestigieux que Thierry Marx ou Pierre Gagnaire.

J’ai goûté sa cuisine méditerranéenne créative associée aux plats Nikkei du chef péruvien Yanmir Edison Navarroo Ventura, à l’ombre de la terrasse donnant sur l’une des trois piscines de l’hôtel. Miam la chair d’araignée servi dans sa coquille, avocat brûlé, vinaigrette yuzu et gingembre et ReMiam le Yalimeshi Gambas, légumes croquants aux saveurs coréennes.

A noter que les prix sont très raisonnables pour un établissement de ce standing, ce qui me donne très envie d’y retourner pour goûter la cassolette de fruits de mer ou la sélection Omakase. Je n’avais plus de place pour les desserts signés Oussama Sadiq, lui aussi né à Marrakech (ses parents y sont propriétaires d’une boulangerie-pâtisserie), champion d’Afrique de la pâtisserie et sa revisite des grands classiques en version peu sucrée. Hâte de venir dîner au Tfaya, la brasserie Arabesque où le chef Issam Rhachi élève au rang de plats gastronomiques les grands classiques de la cuisine marocaine : méchoui de homard servi dans une marinade d’ail noir, citron confit, safran, cumin, et nage de crustacés au paprika fumé, thon Lahrour qui s’inspire du très populaire sandwitch au thon à la harissa désormais composé d’un thon snacké servi avec un consommé de tomates en gelée, une tuile croustillante et des oignons pickles. Tellement curieuse de découvrir la cuisine autobiographique de ce chef qui raconte son aventure de cuisinier pour nous offrir des émotions.

Autre raison de revenir ? les Day pass : 1300 dh avec déjeuner au Pavillon (entrée, plat, dessert), accès piscine et soin de 30 minutes au Spa et 800 dh avec déjeuner au Pavillon (entrée, plat, dessert) et accès piscine.

J’ai eu un vrai coup de cœur pour cet hôtel qui rassemble sous le même toit tout ce que j’aime : une décoration pas blingbling honorant les savoir-faire et matériaux locaux, un esprit arty très dans l’air du temps, un jardin luxuriant mais respectueux du réchauffement climatique, une cuisine qui nous fait voyager, un service soigné, un spa plein de promesses …  qui ne demande plus qu’à recevoir ses premiers clients.

PS : Un bon point quand on veut stationner, des places de parking couvertes, ce qui est indispensable pour ne pas retrouver un four à la place de sa voiture. Vous pouvez trouver cela trivial, mais quand il fait plus de 40°, je vous assure que cela ne l’est pas.

Al Maaden, Marrakech. Tél. : 00212 5 24 44 12 34