Parce que nous sommes enfermés depuis plus d’un mois et que nous n’avons aucune visibilité sur la date de notre libération, il va me falloir attendre pour découvrir des films, quelques pépites de la rentrée littéraire de tous les records (plus de cinq cent titres), des expos, de nouveaux hôtels…Petit florilège.
Twist à Baammako de Robert Guédiguian
Fan du cinéma engagé de Robert Guédiguian, mais aussi des photographies de Malick Sidibé dont le réalisateur s’est inspiré pou faire ce film, j’ai hâte de voir Twist à Bamako.
Exit Marseille, la terre de prédilection de Robert Guédiguian, pour un aller simple au Mali à l’orée des années 1960. Le pays vient de conquérir son indépendance et de jeunes idéalistes rêvent d’un état socialiste le jour, et dansent le twist la nuit.
Samba, le fils d’un riche commerçant, vit corps et âme l’idéal révolutionnaire : il parcourt le pays pour expliquer aux paysans les vertus du socialisme. C’est là, en pays bambara, que surgit Lara, une jeune fille mariée de force, dont la beauté et la détermination bouleversent Samba. Samba et Lara savent leur amour menacé. Mais ils espèrent que, pour eux comme pour le Mali, le ciel s’éclaircira…
En attendant Bojangles de Regis Roinsard
J’avais adoré le premier roman d’Olivier Bourdeaut publié par une petite maison d’édition bordelaise (Edition Finitude), et je m’étais dit que cela ferait un très joli film. C’est chose faite avec, dans les rôles de Camille et Georges, Virginie Efira et Romain Duris.
L’histoire ? Un couple fantasque danse tout le temps sur « Mr Bojangles » de Nina Simone, sous le regard émerveillé de leur fils. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie, et les amis. Jusqu’au jour où la mère va trop loin, contraignant Georges et leur fils Gary à tout faire pour éviter l’inéluctable. Une histoire d’amour fou, au sens littéral du terme, entre les comédies de Capra et L’Ecume des jours de Boris Vian. En général, je préfère les livres à leur adaptation sur grand écran. Je me demande si je vais aimer, mais j’ai très envie de le voir.
La Décision de Karen Tuil
J’ai lu tous les livres de Karine Tuil, autant dire que je suis une fan inconditionnelle. Invitée de Léa Salamé dans la Matinale de France Inter, elle a déclaré « C’est aussi le rôle de l’écrivain de raconter la société dans laquelle il vit ». C’est ce qu’elle fait dans l’Indécision, comme dans ses précédents romans.
En mai 2016, dans une aile ultrasécurisée du Palais de justice, la juge Alma Revel doit se prononcer sur le sort d’un jeune homme suspecté d’avoir rejoint l’État islamique en Syrie. À ce dilemme professionnel s’en ajoute un autre, plus intime : mariée depuis plus de vingt ans à un écrivain à succès sur le déclin, Alma entretient une liaison avec l’avocat qui représente le mis en examen.
Entre raison et déraison, ses choix risquent de bouleverser sa vie et celle du pays…Avec ce nouveau roman, Karine Tuil nous entraîne dans le quotidien de juges d’instruction antiterroristes, au coeur de l’âme humaine, dont les replis les plus sombres n’empêchent ni l’espoir ni la beauté.
Chez Gallimard
Regardez-nous danser de Leila Slimani
Hâte de me plonger dans le deuxième tome de la saga « Le pays des autres » et de retrouver Mathilde, dans les années 60 au Maroc, après l’Indépendance. A force de ténacité, Amine a fait de son domaine aride une entreprise florissante. Il appartient désormais à une nouvelle bourgeoisie qui prospère, fait la fête et croit en des lendemains heureux.
Mais le Maroc indépendant peine à fonder son identité nouvelle, déchiré entre les archaïsmes et les tentations illusoires de la modernité occidentale, entre l’obsession de l’image et les plaies de la honte. C’est dans cette période trouble, entre hédonisme et répression, qu’une nouvelle génération va devoir faire des choix. Regardez-nous danser poursuit et enrichit une fresque familiale vibrante d’émotions, incarnée dans des figures inoubliables.
Sortie le 3 février chez Gallimard
Rentrée littéraire d’Eric Neuhoff
« Pierre et Claire sont éditeurs en ce début de XXIe siècle. Un grand groupe s’intéresse à leur maison. La vendront-ils ? Et à qui ? Ils sortent beaucoup, voient tout le temps Mathieu, leur ami écrivain. Autour d’eux, Paris est en train de changer. Leur génération vieillit. Cela meurt. Cela divorce. Heureusement, les prix d’automne vont toujours à de mauvais livres. Rentrée littéraire est un roman nostalgique. C’est aussi une histoire d’amour. Il n’y a pas de mal à ça. » Envie de lire ce roman pour sa plongée dans un univers, celui de l’édition, qui m’a toujours fascinée et que l’auteur connaît par coeur, et pour ses protagonistes heureux, ce qui est rare par les temps qui courent…
Albin Michel
Connemara de Nicolas Mathieu
J’aime beaucoup Nicolas Mathieu, lauréat du Prix Goncourt 2018 avec « Leurs enfants après eux » et les cartes postales qu’il postait sur son compte Instagram pendant le confinement. Curieuse de découvrir son nouveau livre.
Hélène a bientôt quarante ans. Elle est née dans une petite ville de l’Est de la France. Elle a fait de belles études, une carrière, deux filles et vit dans une maison d’architecte sur les hauteurs de Nancy.
Elle a réalisé le programme des magazines et le rêve de son adolescence : se tirer, changer de milieu, réussir. Et pourtant le sentiment de gâchis est là, les années ont passé, tout a déçu. Christophe, lui, vient de dépasser la quarantaine. Il n’a jamais quitté ce bled où ils ont grandi avec Hélène. Il n’est plus si beau. Il a fait sa vie à petits pas, privilégiant les copains, la teuf, remettant au lendemain les grands efforts, les grandes décisions, l’âge des choix. Aujourd’hui, il vend de la bouffe pour chien, rêve de rejouer au hockey comme à seize ans, vit avec son père et son fils, une petite vie peinarde et indécise. On pourrait croire qu’il a tout raté. Et pourtant il croit dur comme fer que tout est encore possible. Connemara c’est cette histoire des comptes qu’on règle avec le passé et du travail aujourd’hui, entre PowerPoint et open space. C’est surtout le récit de ce tremblement au mitan de la vie, quand le décor est bien planté et que l’envie de tout refaire gronde en nous. Le récit d’un amour qui se cherche par-delà les distances dans un pays qui chante Sardou et va voter contre soi.
Sortie le 2 février, Actes Sud
N°5 de Chanel de Pauline Dreyfus
Ce livre collector en deux volumes retrace les 100 ans du parfum iconique de Chanel, le N°5.
« Anatomie d’un mythe retrace l’histoire et le contexte historique dans lequel le parfum a été créé. En 1921, c’était le premier parfum élaboré à partir de composants synthétiques, présenté dans une bouteille en verre minimaliste, alors que la mode était aux courbes.
« Architecture d’une légende » retrace le rayonnement exceptionnel du N°5 devenu un véritable phénomène mondial, de 1945 à nos jours. Il raconte l’évolution du parfum, de sa composition, de sa fabrication et de sa commercialisation, donnant un accès sans précédent aux archives Chanel et la parole à ceux qui sont, aujourd’hui, chargé de perpétuer cette fragrance. On retrouve les égéries ayant prêté leur image au parfum dans des campagnes signées par d’illustres photographes et réalisateurs. Chanel revient aussi sur l’histoire qui lie la maison à Maryline Monroe, égérie non officielle mais spectaculaire du N°5.
Aux Editions La Martinière
Le Saint James Paris, romantique par nature, parisien par excellence
A mon prochain séjour à Paris, j’aimerais dormir au Saint-James, un « château-hôtel » du 16e arrondissement qui abritait la Fondation Thiers (depuis laquelle s’envolaient des montgolfières) avant de devenir l’adresse du Saint James Club, dans la tradition des cercles londoniens.
La décoratrice Laura Gonzalez a magnifié l’architecture néoclassique du bâtiment qui incarne ainsi complètement l’hôtel particulier parisien iconique. A l’intérieur, elle a réinventé les codes parisiens avec des touches Art déco, quelques références au XIXe siècle et beaucoup d’objets chinés. La décoratrice a travaillé avec une équipe d’artisans français : toile de Tours de Lemanch, laine Holland and Sherry sur les murs, Aristoloches sur les méridiennes, moquettes et tapis des Ateliers Pinton, lustres en plâtre Patrice Dangel, mosaïque de Pierre Mesguish, céramiques Jean Roger…
Chacune des 22 chambres a été pensée comme une chambre d’amis dans la maison d’un collectionneur esthète. Elles sont uniques, avec des volumes remarquables, déclinant un mix and match justement dosé entre esprit art déco et clins d’œil contemporains. Les motifs géométriques flirtent avec les fleurs du XVIIIème siècle, les textures veloutées vont de pair avec les parquets Versailles ou les moquettes épaisses et les détails antiques, autour de quatre thématiques de couleur.
J’aime tout particulièrement les chinoiseries (vases en porcelaine, papier peint Imperial Garden de la maison Iksel) qui donnent un cachet particulier au lieu, les chambres qui sont toutes dotées d’un jardin d’hiver avec verrière, les lits à baldaquin ultra romantiques, sans parler du jardin de 5000 m2 refait par le paysagiste Xavier de Chirac (disciple de Louis Benech) avec ses hortensias blancs et son érable du Japon.
Envie de tester la cuisine du chef Julien Dumas, à la tête du restaurant Bellefeuille qui joue la nature dans le décor comme dans l’assiette. Une atmosphère de jardin intérieur efface la limite dedans-dehors : panoramiques aux motifs délicats, moulures, boiseries, marbre bicolore, cheminée d’époque surmontée d’un miroir ancien qui reflète la verdure des espaces extérieurs, grandes poteries d’Anduze plantées de kentias, des oiseaux ici et là…
Envie de passer du temps dans le bar-bibliothèque. Les livres anciens reliés de cuir, l’escalier en colimaçon et le vénérable plafond à caissons de l’ancienne bibliothèque des étudiants de la Fondation Thiers sont toujours là, l’atmosphère feutrée typiquement British aussi. Mais il flotte dans l’air une subtile modernité.
Laura Gonzalez a conservé les éléments emblématiques du décor, boiseries, velours cosy et cuirs patinés, tout en leur apportant une bonne dose de douceur. Le grand bar se détache sur un fond de verdure omniprésente et les imprimés se mélangent avec grâce, des épais tapis à motifs iraniens aux cachemires indiens.
Envie de me faire chouchouter au Spa Guerlain intégralement réimaginé et qui s’étend à présent sur 400 m2 avec trois superbes salons de soins dont un double, l’espace bien-être et le fitness.