En manque de voyage, j’ai craqué pour les globes de Charlotte Bourrus alias Charlottechab qui répondent à ceux d’Adry Gardens. Quelle est donc cette envie de mettre le monde en boîte et de voyager en version miniature ?
Charlotte est designer graphique, diplômée de l’école Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Dès l’école, ses recherches et créations se sont concentrées sur les migrations, l’histoire contemporaine, la géopolitique, les voyages. Passionnée par l’édition, c’est aussi dans les livres, les guides, les récits, qu’elle puise son inspiration.
Designer indépendante, puis graphiste pour Volcom et Hipanema, elle a travaillé principalement le collage et l’illustration pour créer les visuels commandés.
C’est d’ailleurs avec le collage comme fil conducteur de sa démarche qu’elle aborde le projet The Map en 2011, pour les 30 ans d’une amie proche, en créant une petite boite où se trouvait l’Antarctique, parsemée d’éléments célébrant son voyage. Elle a alors la Fabrique de mondes à la carte où elle réinterprète en volume la cartographie traditionnelle. Les compositions de Charlotte interrogent la notion de territoire, de frontière, de patrimoine culturel, qu’elles narrent de façon volontairement anachronique, documentent le monde dans une utopie où cohabitent l’encyclopédique et le vernaculaire.L’appropriation des territoires passe par un travail chirurgical et méticuleux. Il s’agit d’abord de définir la zone et de la cartographier, puis d’opérer un gigantesque travail de documentation et de collecte. Les éléments trouvés dans les livres, sur Internet, ou issus des photos personnelles de l’artiste sont imprimés sur papier, découpés, collés, épinglés. Après les cartes, elles a proposé une autre version du monde, mais sous cloche, cette fois. Créés en 2015, les globes revisitent la boule de neige de mon enfance, la personnalisent au gré des célébrations, des saisons, des villes, des événements. Des serres narratives et visuelles dans lesquelles poussent des villes et existent les histoires personnelles qui leur sont liées. Singapour, Rio, New York, Biarritz, Paris, Lima, chaque ville est une interprétation, une appropriation par l’artiste de l’espace comme du temps urbain. En créant un écrin au détail subjectif, elle offre aux rues, mille fois parcourues ou mille fois fantasmées, un éclairage inédit. Les globes existent en différentes tailles, chacun présentant un design différent. Un travail d’orfèvres qui peut être personnalisé (oui j’aime bien tout ce qui est personnalisé …) : une ville qu’on aime et qu’on a quittée, un événement que l’on veut sacraliser, un moment de vie qu’on a envie de suspendre à jamais ….
Je suis ultra fan de ces globes entièrement fabriqués à la main à Bidart, dans le Pays Basque.
Mes préférés ? Le Cap-Ferret, territoire de mes vacances d’enfance ; l’Asie où de la Birmanie au Japon, les montagnes ne se ressemblent pas, et chaque pays rencontre l’autre dans une conversation surréaliste ; et bien évidemment le Japon qui nous invite à une ballade sous les cerisiers d’Hokusai, dans les rues de Tokyo, dans un ryokan ancestral avec un personnage de Kitano.
https://www.charlottebourrus.com