J’avais évoqué ce roman, toujours en lice pour le Prix Goncourt 2020, dans ma précédente newsletter.
Je l’ai terminé et je l’ai beaucoup aimé.
Professeur de philosophie, essayiste et critique de cinéma, le Français Maël Renouard a aussi été la plume de François Fillon. Alors qu’il n’a jamais mis les pieds, au Maroc, grâce à un travail impressionnant de documentation pour élaborer un récit crédible, il se met dans la peau d’un Marocain, Abderrahmane Eljarib, issu d’une famille modeste, qui a eu le privilège d’être le condisciple du futur roi Mohammed V au collège royal.
Parvenu au pouvoir suprême, ce dernier nomme son ancien camarade au poste obscur de « gouverneur académique de Tarfaya et des territoires légitimes », exilé quelque part entre le Sahara et l’Océan, avant de le rappeler, quelques années plus tard, promu au rang mystérieux d’ « historiographe du royaume ». Il doit alors organiser la célébration du tricentenaire du règne de Moulay Ismaël.
Dans cette transposition virtuose des Mille et Une Nuits et des Mémoires de Saint-Simon au xxe siècle, Maël Renouard nous fait revivre trente ans d’histoire du Maroc, entre le crépuscule du « protectorat » et le début des « années de plomb ». Un roman qui nous éclaire sur les aléas du pouvoir absolu et sur les grandeurs et les petitesses de la courtisanerie.
Malgré le style désuet et un peu lourd emprunté par le héros narrateur, j’ai dévoré ce conte moderne qui même réalité et fiction. Mentions spéciales pour le coup d’état de Skirhat traité comme un thriller et le portrait sans concession d’Hassan II.
Chez Grasset