A l’occasion de l’ouverture de sa nouvelle boutique dans une charmante cour de Guéliz, j’ai eu envie d’un savoir plus sur Sabrina Mahi, l’initiatrice de Yassab, son parcours, son style, ses projets.
Son parcours d’abord, plutôt atypique, ce qui finalement, n’est pas très original à Marrakech.
De la psychologie à la poésie
Dans une autre vie, Sabrina était psychologue dans des milieux très masculins comme l’automobile, la sidérurgie, le transport et la logistique. Au moment où elle a commencé à accompagner des plans sociaux et après un séjour à Marrakech, elle a ressenti le besoin de changer de voie, de vie. « Les fleurs devaient être inscrites dans mon ADN, explique-t-elle. Ma grand-mère qui a eu beaucoup de filles leur a donné des noms de fleurs. Ma mère par exemple s’appelle Yasmine et un jasmin a été planté à sa naissance dans le jardin. ». Pour confirmer sa vocation, elle a fait un stage chez un fleuriste très connu du quartier du Marais qui avait dans sa clientèle des personnalités comme Agnès B ou John Galliano. Une fois formée, elle est retournée à Marrakech où elle partageait un appartement en colocation. Au début, elle confectionnait ses bouquets dans sa chambre avant d’avoir l’opportunité de fleurir un mariage grandiose qui l’a fait connaître. Elle a alors commencé à travailler pour des agences d’événementiel, puis pour le Mandarin, avant d’ouvrir une boutique au Radisson en 2016, baptisée Yassab, contraction de Yasmine, le nom de sa maman, et Sabrina. En 2018, elle a été chargée de la décoration florale de la Mamounia. « C’était un gros challenge, car il n’y a pas d’école de fleuristes au Maroc et j’avais besoin d’aide. J’ai formé dix filles et aujourd’hui, je suis très fière de mon équipe » . En 2019, j’ai ouvert une boutique au sein de la Mamounia.
Les fleurs devaient être inscrites dans mon ADN
La fleur dans tous ses états
Chez Yassab, à Guéliz, « la fleur est la base de mon inspiration et de la création d’autres univers. Il y a quelque chose de poétique dans la fleur. Son univers est magique, voire mystique » explique Sabrina.
Cette poésie, elle est présente dans ses bouquets au style champêtre, la légèreté des fleurs, certaines flottant au dessus du bouquet.
Chaque composition est créé par une fleuriste qui met sa sensibilité dans chaque création. Elle travaille sur les saisons et jongle avec la production locale et les fleurs d’importation, car à Marrakech, il y a des saisons où il n’y a pas de fleurs. Elle a noué des partenariats avec des producteurs locaux pour avoir des fleurs de qualité, comme le lys qui est sa fleur de prédilection. « C’est une fleur impériale et robuste qui marche dans tous les styles d’intérieur » explique-t-elle. Elle aime aussi les variétés de fleurs rares, méconnues et remet au goût du jour celles qui sont devenues désuètes, mais qui ont un charme fou. Elle proposedes fleurs à la botte, des plantes d’intérieur, des orchidées et des terrariums humides qui apportent une touche green à tous les intérieurs.
La fleur est la base de mon inspiration et de la création d’autres univers. Il y a quelque chose de poétique dans la fleur. Son univers est magique, voire mystique
Pendant le confinement, Sabrina a travaillé sur sa ligne cosmétique, construite autour des fleurs, of course. J’ai adoré les ingrédients des brumes visage (l’Exaltante au concombre et verveine citronnée, l’Enchanteresse à la rose et violette, la Bienfaisante à le fleur de cactus et à l’aloe vera), et des savons (orange-lavande, rose-gardénia, romarin-verveine). Elle a aussi imaginé deux gommages corps : Purification au sel marin, huile d’olive, lavande et jujubier et l’Hédonisme à la rose et au sel rose d’Himalaya. « Le sel apporte de la joie de vivre et rééquilibre les pensées » explique-t-elle. Il y a aussi trois spray d’oreiller Fleur d’oranger-lavande-romarin, gardénia-misosa et mimosa-ylang ylang. J’aime l’élégance des packaging et le choix des ingrédients qui nous transportent dans des territoires peu explorés. La ligne cosmétique sera prochainement enrichie d’un gel douche mice et d’une huile d’argan de qualité exceptionnelle.
Une jolie diversification, qui s’accompagne de la création de trois bougies fabriquées en France. Mention spéciale pour leurs parfums originaux : Grâce à la rose, Renaissance aux fleurs du potager (dont la tomate) et Odeur de sainteté au bois brûlé. Sabrina a dessiné une série de pins en laiton pour décorer les bougies. Côté senteurs, elles propose également du Palo Santo, de la Sauge blanche et de la sélénite pour absorber les ondes négatives.
Mais chez Yassab, on trouve aussi des livres sur les plantes, la gastronomie, l’architecture, les pigments ; du matériel de jardinage (vases, outils, kit pour l’entretien des plantes et pour faire des herbiers, coupes de germination, macramé, livres et kits pour enfants…). J’ai craqué pour les « Chantepleure » que Sabrina fait fabriquer par un céramiste de Marrakech. Cet arrosoir aspergeur de l’époque médiéval permet de maîtriser l’écoulement de l’eau sur les semis et les plantes fragiles. Il chante lorsqu’on l’immerge dans l’eau (avec le bruit des bulles d’air qui remontent à la surface), et il pleure lorsqu’il se vide, d’où son joli nom de chantepleure. Si ce n’est pas poétique ça…
Prochaine étape, la mise en place d’ateliers (terrarium, ikebana, herbier,…) et le développement de la partie Delicatessen avec des confitures, des tisanes, et des thés à base de fruits et de fleurs, évidemment.
Un lieu enchanteur et enchanté dans lequel Sabrina partage sa passion des fleurs et ses connaissances. « Je suis dans le partage. On offre des fleurs pour faire plaisir et donner de la joie. Le fleuriste est un canal et c’est important de mettre de la conscience dans ce que l’on fait » conclut-t-elle.
22, rue Tariq Bnou Ziad, Guéliz. Tél. : +212617187167
