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Visite

Le musée du mois : Le musée de l’élégance marocaine

Avant de visiter ce musée situé dans un riad du XVIIème siècle près de la Medersa Ben Youssef, je me demandais ce qu’il pouvait présenter. On y découvre l’élégance à travers l’histoire de l’habillement marocain présentée d’une manière très originale et c’est ce qui m’a plu. 

En effet, près de 200 miniatures, femmes et hommes de 50 à 60 cm de haut, confectionnées par Feu Habiba Hantout (1936-2024), documentaliste-chercheur, diplômée du Centre universitaire de documentation de Madrid, artiste dans l’âme et talentueuse couturière, sont présentées dans des vitrines.

L’histoire de sa collection est d’abord celle d’une passion remontant à son plus jeune âge, alors qu’elle observait, émerveillée, sa grand-mère s’habillant de son beau haïk blanc ivoire, son oncle endossant ses élégantes djellabas, ou encore ses tantes composant leurs hautes coiffes pointues appelées hantouz.

C’est ensuite le fruit d’un travail de recherche de plus de 40 ans, mené à la fois dans divers fonds d’archives et bibliothèques, et sur le terrain (recueil de témoignages oraux ou visuels, étude d’œuvres picturales de grands artistes classiques, etc…).

La collection a pris naissance vers 1980, et Feu Mme Habiba Hantout a tenté de reproduire, le plus fidèlement possible, les costumes et les parures du Maroc à travers les âges et les provinces, usant chaque fois que possible de tissus anciens.

Toutes les régions, les caractéristiques propres des différentes ethnies du Maroc, l’héritage d’Al-Andalous, et les influences du Moyen-Orient ont été représentés.

J’ai été impressionnée par la minutie du travail, l’accessoirisation des vitrines (tout y est, le mobilier, les bijoux, les chaussures…), la beauté des tissus et des ornements. 

Coup de cœur pour les scènes de la vie quotidienne : les joueurs d’échec, le lettré, la fileuse de laine, la cuisinière qui prépare le couscous, les gnaouas…

Des découvertes comme la cérémonie du « Chedda », pratiquée dans le Nord du Maroc pour les fillettes de sept à huit ans habillées, maquillées et parées comme des mariées, selon la tradition tétouanaise ou les tenues des morisques d’Hornachos, ces musulmans d’Espagne convertis de force au catholicisme au XVème et XVIème siècles, vêtus de leurs tenues traditionnelles, tels qu’ils sont arrivés dans la ville de Salé au XVIIème siècle pour s’y installer.

Un voyage dans le temps et dans l’espace passionnant. Un magnifique travail de préservation du patrimoine et de transmission. Dommage qu’Habibat Hantout nous ai quittés avant l’ouverture du musée.Aujourd’hui, c’est son fils, Hakim Cherradi, qui reprend le flambeau.

La visite se termine sur le roof-top qui abrite un café et un concept store.

Et pour ceux qui veulent garder une trace de ce travail, le travail d’une vie, le livre « XIII siècle d’élégance au Maroc » d’Habiba Hantout est en vente à la boutique. 

Rue Kaat Benahid, N° 5 Derb El Khamsi, Marrakech