Après « La poule et son cumin », Zineb Mekouar nous emmène à Inzerki, village perché sur un flanc de montagne du Haut Atlas, à la rencontre d’Anir, 10 ans, qui aime les aigles qui font de grands cercles près des nuages et les histoires que lui raconte son grand-père, surtout celles qui concernent le rucher du Saint, le plus ancien rucher collectif du monde. Le jeune garçon, sous la chaleur écrasante du sud du Maroc qui assèche tout, apprendra à s’occuper des abeilles et à aimer cette terre rouge, aride, de plus en plus silencieuse. Il ne se doute pas que derrière les légendes de son village et l’obsédante berceuse de sa mère se cache un lourd secret de famille.
J’ai eu la chance de visiter ce rucher qui n’est plus que l’ombre de lui-même parce que le manque d’eau a tué les abeilles et j’ai ressenti une grande tristesse en le contemplant.
« C’est tout petit, une abeille, tout petit, ça ne devrait pas mourir pour une histoire de terre qui s’assèche, ça ne devrait pas mourir, une abeille ; c’est comme un enfant malade, une mère qui ne reconnaît plus son fils, ça ne devrait pas exister, ces choses-là ; des injustices qui brisent tout à l’intérieur, qui nouent le ventre et nous laissent sans souffle. Impuissants. Comment expliquer cela à Anir ? Comment ? »
J’ai beaucoup aimé ce récit à hauteur d’enfant, à la fois sensible, puissant et poétique, une histoire d’amour familial et de transmission aux personnages attachants, et une fable écologique qui nous fait découvrir la beauté d’un monde crépusculaire et nous alerte. Le Maroc a fait une demande d’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, mais n’est-ce pas trop tard alors que le bourdonnement des abeilles a laissé place au silence ?
Aux Editions Gallimard