Habituellement pas très fan des prix Goncourt, celui-ci fait exception à la règle. J’ai lu d’une traite ce roman fleuve de près de 600 pages qui a aussi remporté le prix du roman Fnac 2023.
C’est à la fois une histoire d’amour entre deux adolescents que tout oppose et une fresque qui retrace l’histoire de l’Italie de l’entre-deux-guerres.
1986, le nain Michelangelo Vitaliani dit « Mimo », est sur le point de rendre son dernier souffle, dans une abbaye du Piémont. Comment cet homme, qui n’est pas un religieux, a-t-il atterri ici, quelle fut sa vie et quels mystères cache-t-il ? Selon certains, il est là depuis quarante ans pour « veiller sur elle », sa dernière œuvre, cachée dans ce lieu par le Vatican qui a préféré la soustraire aux regards tant ses effets sur ceux qui la voient sont puissants. Alors que sa vie est en train de prendre fin, Mimo se remémore les moments forts d’une existence tumultueuse.
Comme dans « Ma Reine », son premier roman aux douze prix littéraires, l’auteur narre des amours nées dans l’enfance. Ici, Mimo, qui après bien des péripéties, devient un célèbre sculpteur travaillant pour le Vatican et Mussolini, rencontre, quitte et retrouve toujours Viola, fille d’une riche famille de Pietro d’Alba, qui se rebelle contre son statut d’épouse et le pouvoir fasciste. De cet amour platonique et volcanique entre « jumeaux cosmiques » naîtra cette fameuse sculpture cachée dans le monastère.
J’ai adoré le portrait de Viola, femme forte, intelligente, droite et libre, celui de Mimo toujours insaisissable, prêt à tous les compromis pour, malgré sa taille, devenir un géant, les personnages hauts en couleur croisés à Florence, l’écriture délicate, poétique et inventive de Jean-Baptiste Andréa qui a été scénariste et réalisateur, pendant vingt-ans en France et aux États-Unis avant de se mettre à l’écriture, sa manière de mêler le réel au fantastique. Intéressant de voir comment, à cette époque, l’art pouvait servir à asseoir son influence. Edifiant de découvrir les transformations politique et économique de l’Italie marquées par les relations incestueuses entre pouvoir et clergé et la volonté de Mussolini de redonner au pays sa grandeur.
Un roman sur l’amour impossible, les secondes chances et la fragilité de l’art.
Aux éditions L’Iconoclaste