Invitée en résidence par le JAAL Riad Resort Marrakech, l’artiste Margaux Derhy, qui vit entre Massa et Paris, proposera une installation dans le beau patio de l’hôtel composée, de voilages en lin blanc de très grands formats, brodés avec trois techniques : à la main, à la machine à coudre, puis avec de la passementerie.
Les œuvres ont été commencées dans la quiétude du village de Massa, au Sud d’Agadir, où Margaux travaille avec des femmes à qui elle a appris la broderie, et terminées par les femmes du Réseau des femmes artisanes qui animent les ateliers de l’hôtel.
Sera aussi présenté un accrochage de dessins brodés à la machine sur papier.
La thématique de l’expo ? Les femmes de la famille de Margaux, sa grand-mère Lydia et une de ses grandes tantes Fibi, bien qu’il soit, en réalité, peu question d’elles puisqu’elles ont laissé si peu de traces dans l’histoire. « Nous avons tendance à nous focaliser sur les personnes aux vies extraordinaires en oubliant trop souvent que les mouvements sociaux, les épisodes révolutionnaires sont aussi et surtout le fait d’anonymes se fondant dans la masse. Elles ne portent pas le mouvement, elles sont le mouvement. Tous les jours, des initiatives pour faire ressurgir des femmes soi-disant oubliées voient le jour pendant que l’on continue de condamner les vraies oubliées au silence. Les femmes dont on est directement héritières » comme l’écrit l’autrice féministe Irene García Galán dans son ouvrage « Hilaria » sur sa propre arrière-grand-mère.
« Ce sont ces femmes- là dont il est question pour cette exposition. Ce sont aujourd’hui celles qui me touchent particulièrement, ce sont celles que je côtoie dans ma vie et par mes projets. Des femmes qui se battent quotidiennement non pas pour la lumière mais pour tendre vers une vie honorable pour elles et leurs familles et qui donnent avec générosité tout ce qu’elles peuvent. Ce sont elles qui participent véritablement à l’évolution sociale, celles qui par leur amour donnent de l’espoir, celles qu’on oublie toujours et qui pourtant méritent que leurs noms soient cités et leurs histoires racontées. Ces femmes portent le monde, ce sont les femmes de nos familles comme Fibi et Lydia » explique Margaux.
Margaux Derhy, née en France d’une mère française et d’un père marocain, a étudié à Londres à Central Saint Martins avant de poursuivre avec le MA Painting du Royal College of Art. Son travail s’enracine dans les récits familiaux et l’héritage franco-marocain qui la nourrissent, créant ainsi une réflexion sur les liens affectifs, les souvenirs transmis et les espaces vides laissés par les absents, tout en explorant les multiples facettes de la pluri-identité.
Elle développe une pratique expérimentale qui combine la peinture, la machine à coudre et la technique traditionnelle de la broderie à la main tout en explorant également la céramique en tant que discipline distincte. Le collectif occupe une place centrale dans sa démarche, que ce soit par la création d’une résidence et d’un groupe de brodeuses à Massa, par la fondation du collectif d’artistes Le Cercle de l’Art ou par l’écriture de l’ouvrage « Le Backpack de l’Artiste ». Dans chaque projet, il y a une volonté profonde de favoriser l’entraide artistique et de créer des opportunités de stabilité économique.
J’aime beaucoup le travail de Margaux, ses valeurs, son engagement auprès des femmes de Massa. Sa résidence au JAAL Riad Resort qui aime créer des ponts entre l’art et l’artisanat et qui fait aussi travailler des femmes artisanes était donc une évidence.
Le vernissage aura lieu le jeudi 8 février dans le cadre de la Nuit des Galeries organisée à l’occasion de la 1.54 Art Fair.