Plus sensible au prix du Livre Inter qu’au Prix Goncourt, j’avais inscrit ce roman aussi récompensé du Prix des Lecteurs du Monde sur ma liste.
J’ai lu d’une seule traite ce court et grand roman scandé comme un cri, qui se distingue par sa quasi absence de ponctuation et sa poésie alors qu’il raconte l’illusion coloniale, l’enfer, à travers les voix de Séraphine venue de Marseille avec sa famille pour cultiver des champs rocailleux du côté de Bône et d’un soldat sans nom d’une armée française, qui, au nom de la « pacification », brûle, pille, viole et tue.
Avec « Attaquer la terre et le soleil », c’est la quatrième fois que Mathieu Belezi s’embarque pour l’Algérie coloniale des années 1840. Sa grande trilogie algérienne a été successivement publiée aux éditions Albin Michel (C’était notre terre, 2008) et Flammarion (Les vieux Fous, 2011, et Un faux pas dans la vie d’Emma Picard, 2015).
Une expérience de lecture intense dont on sort chamboulé même si comme l’a si bien dit Kerenn Elkaim, critique littéraire pour Livres Hebdo, « La beauté de ce texte puissant préserve des îlots d’espoir, d’amour et de lumière. L’envie de conquête se heurte à celle de repousser la haine, afin de faire fructifier la vie. Tous les mythes se brisent, si ce n’est celui de “nous rappeler l’atroce vérité de nos vies humaines qui n’avaient jamais tenu et ne tiendraient jamais qu’à un fil”.
A lire absolument.
Aux éditions Le Tripode.