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Dar Bouchaib, le meilleur de l’artisanat

Architectes d’intérieur, si vous ne connaissez pas Dar Bouchaib, il est grand temps de vous y rendre

Ce bazariste de la Kasbah (l’un des plus grands de Marrakech) recèle des merveilles, mis en valeur par une rénovation des lieux.

Après des mois de travaux, le complexe Bouchaib est devenu Dar Bouchaib et cette mue s’est accompagnée d’un changement d’identité visuelle et d’un nouveau logo.

La façade en briquettes a été transformée pour offrir de plus grandes ouvertures, les murs ont été mis à nu pour retrouver les arcades d’origine et l’esprit riad, l’aménagement a été épuré.

Le rez-de chaussée présente toujours l’apparence d’un souk où l’on peut trouver une grande variété d’idées cadeaux : épices, senteurs, cosmétiques, céramique, textile, maroquinerie, bijoux…

Le premier étage a été entièrement repensé pour mettre en valeur une collection de tapis impressionnante (des centaines de tapis fabriqués artisanalement et chinés aux quatre coins du Maroc exposés sur 3000 m2), ainsi que du mobilier, des antiquités, des luminaires, des miroirs…

 

Une rénovation qui n’a pas fait perdre son âme au lieu chargé d’histoire.

Car Dar Bouchaib c’est une histoire de famille, celle de Bouchaib Benzaitar que l’on avait coutume d’appeler L’Mâlem (le maître), et de ses enfants qui poursuivent son oeuvre.

Tout a commencé dans un petit village de la région d’El Jadida, sur la côte atlantique du Maroc.

C’est là qu’est né Bouchaib, et c’est de là, en 1967, qu’il est parti à la conquête de Marrakech. Il avait 14 ans.

A peine arrivé, il découvrit sa vaste médina et y commença son apprentissage auprès de grands et petits artisans, et de bazaristes des souks. Il apprit des savoir-faire ancestraux et l’art de commercer qui s’ajoutèrent à une qualité innée : l’esprit d’entreprise et d’innovation.

En 1981, il ouvrit un premier bazar dans le quartier du marché de Milouda. Son succès fut tel que ses voisins, boucher, cordonnier, marchand de légumes, suivirent son exemple en transformant leurs échoppes en bazars.

Puis il multiplia les lieux de vente (dont une belle boutique Place des épices) et s’aventura même à Guéliz. où il ouvrit un magasin de maroquinerie et de confection de cuir, avant de tout rassembler en un seul lieu, toujours sur la Place des épices.

Pendant toutes ces années, il tissa des liens forts avec des artisans à travers le Maroc qui lui réservaient leurs plus belles créations, comme un joaillier renommé d’Agadir pour les bijoux berbères.

En 1987, il acheta un riad, rue de la Kasbah, charmant quartier fortifié de la médina abritant les Tombeaux Saâdiens, le Palais royal et de nombreuses maisons d’hôtes. Il le transforma en boutique qu’il baptisa « La Maison du tapis », puisqu’il y vendait une grande quantité de tapis de très bonne qualité, ce qui lui valut sa réputation de plus grand marchand de tapis du Maroc.

Il acheta les riads alentour pour agrandir sa surface de vente qui devint Le Complexe Bouchaïb.

Avec son titre de Maâlem décerné par ses pairs et que l’on réserve habituellement aux grands artisans, il fit de ce complexe le plus grand bazar de la médina de Marrakech, une vitrine de ce que le Maroc offre de mieux en matière d’artisanat, une sorte de concentré des souks, un « one stop shop » où les touristes trouvent leur bonheur, du cendrier en céramique au tapis Beni Ouarain en passant par la paire de babouche de Fès ou le plaid en laine tissée dans l’Atlas.

 

Cet homme engagé pour son pays (il participa à la Marche Verte en 1975), fut un pionnier dans la gestion de ses affaires et le premier à employer des femmes dans les souks.

C’était aussi un visionnaire puisqu’il généralisa les prix fixes, les codes à barre et le paiement par carte bancaire.

En 2000, il ferma ses autres points de vente (dont une boutique acquise en 1990 dans la rue la plus célèbre de la médina) pour se consacrer uniquement au Complexe qu’il agrandit pour atteindre une superficie de 8100 m2. Il le dota d’un ascenseur et d’un escalator pour offrir l’accès à tous.

Dans le souci de contribuer à la vie de son quartier, il installa un robinet à l’extérieur du complexe pour offrir aux habitants de la Kasbah un accès gratuit à l’eau. Il noua aussi des partenariats avec des coopératives de femmes.

Voyageur impénitent, il profitait de chacun de ses déplacements pour acquérir des pièces uniques et entretenir son réseau de fournisseurs à travers l’Europe, le Moyen Orient et l’Asie. Ce qui explique que l’on trouve parmi les merveilles exposées chez Dar Bouchaib des meubles syriens incrustés d’os, de nacre et de fils d’étain, des masques africains, des paravents en laque venant d’Asie…

Depuis sa disparition en 2016, Samir Benzaitar, son fils, demeure fidèle à son modèle artisanal et à ses valeurs humanistes. Familiale, indépendante et responsable, l’entreprise poursuit son oeuvre tout en la modernisant. « Nous voulons rajeunir la marque tout en préservant son identité et ses racines » explique Samir Benzaitar.

Outre la transformation du complexe de la Kasbah, la boutique du souk Semmarine baptisée « L’appartement 68 » a été entièrement rénovée pour recevoir une collection de tapis et des antiquités.

Deux écrins modernisés pour des trésors qui charmeront aussi bien les touristes en quête d’artisanat de qualité et au prix juste, que les décorateurs à la recherche de pièces rares pour meubler des maisons.

Dar Bouchaïb, 7 Derb Baïssi, Rue de La Kasbah, Marrakech .Ouvert tous les jours de 9h30 à 20h

L’Appartement 48, 48 Souk Semmarine, Marrakech