J’ai assisté à la projection du dernier film de Nabil Ayouch en présence de l’équipe, au cinéma Le Colisée et j’ai adoré.
Neuf ans après Les Chevaux de Dieu sélectionné au Festival de Cannes dans la section un Certain Regard, le réalisateur est revenu cette année en Compétition avec Haut et Fort, qui met en musique une jeunesse marocaine moderne et politique mais trop longtemps oubliée, désireuse de s’affranchir des traditions du pays.
Tourné dans la banlieue de Casablanca, au Centre culturel Les Etoiles de Sidi Moumen créé par Nabil Ayouch et Mahi Binbine, le film suit Anas, ancien rappeur qui vient enseigner au centre. Nabil Ayouch a lui-même appris les arts à la Maison de la Jeunesse et de la culture de Sarcelles.
Anas pousse les jeunes dans leurs retranchements et les aide à exprimer leurs désillusions, leurs aspirations, leurs doutes, leurs convictions, leur colère, à travers le hip hop. Pourquoi le hip hop ? Parce qu’Anas Basbousi ( connu sous son nom de rappeur Bawss) qui joue son propre rôle dans le film a lancé le programme « La Positive School of Hip Hop » en 2016 pour apprendre aux jeunes du centre la culture hip hop et les aider à écrire sur leur vie.
A mi chemin entre la fiction et le documentaire, Haut et Fort nous permet de nous rapprocher de cette jeunesse dont on partage l’intimité.
J’ai été bouleversée par ce qu’ils expriment et impressionnée par leur vitalité, leur engagement et leur sens du jeu alors qu’ils ne sont pas acteurs professionnels ; charmée par le charisme d’Anas et la beauté des images ; emballée par la force des filles qu’elles soient voilées ou pas, et leur désir d’émancipation.
Haut et Fort est le film à la fois triste et joyeux d’une renaissance : « ils vont entendre un grand BOUM, et on va renaître » chantent les jeunes à la fin du film, comme un hymne à la vie nouvelle, celle qu’on attendait plus et qui soudain surgit au détour d’une rencontre.
Dans les salles depuis le 3 novembre.