Un livre pour un mois, ça ne suffit pas, alors je partage avec vous deux de mes derniers coups de coeur. Un premier roman percutant sur le parcours de Nesrine, « transfuge de classe », des HLM du Vaucluse aux bancs de Sciences Po Paris. A l’occasion du confinement, Nesrine, jeune journaliste retourne à Apt chez ses parents (mère femme de ménage et père maçon nés au Maroc) et renoue avec ses origines, ces origines qu’elle n’a jamais reniées mais qui, jour après jour, continuent de lui être reprochées, ce qui complique sa vie et sa carrière. « J’ai compris assez vite que rien ne gommerait mon identité » déclare-t-elle dans une interview publiée dans le magazine Les Inrocks. Comment trouver sa place sans devenir quelqu’un d’autre ? Quelle couleur de peau faut-il avoir, et quel nom faut-il porter pour pouvoir décider de son avenir ? Nesrine répond à ces questions dans un témoignage puissant et critique à l’égard de toute la violence qu’elle a dû et doit encore affronter, violence de classe, violence sexiste, violence raciale. Elle rend aussi hommage à tous ceux pour qui la légitimité demeure un combat permanent. «Bref, on nous a menti ; ce n’est pas plus facile une fois la frontière des classes franchie, vous ne passez pas de l’une à l’autre comme par magie» écrit Nesrine à la fin d’Illégitimes.
Aux Editions Fayard
Autre pays, autre culture, mais discrimination commune, celle qui concerne les femmes, dans Kim Jiyoung, née en 1982, de Nam-joo Cho. Encore un premier roman qui aborde la place de la femme dans la société sud-coréenne. C’est l’histoire de Kim Jiyoung, une femme « ordinaire ». Au début du roman, elle a 33 ans, elle est mère d’un jeune enfant, et son comportement est de plus en plus erratique. Victime d’une profonde dépression, elle accepte de consulter un psychiatre à qui elle racontera son histoire. Enfant, avec sa soeur, elle est confrontée à un traitement inéquitable de la part de ses parents. En grandissant, elle est confrontée aux inégalités sont sont victimes les femmes : à l’école, dans l’entreprise, au sein du couple, puis une fois mère. Le roman est ponctué des réflexions de la jeune femme sur les nombreuses injustices dont elle est témoin, ainsi que les statistiques sur la situation des femmes en Corée du Sud, pays où jusque dans les années 70 l’avortement des foetus de fille suite à l’identification des sexes avant la naissance était autorisé.
Publié en 2016 en Corée du Sud, ce livre a crée la polémique dès sa sortie, alors que la Corée vivait un scandale politique impliquant la présidente Park Geun-hye. Il a été adapté au cinéma et s’est vendu à plusieurs millions d’exemplaires en Corée du Sud et a été traduit dans plus de 20 pays.
Chez 10/18