J’ai adoré ce récit que j’ai lu d’une traite.
Leïla (qui veut dire « nuit » en arabe) s’y livre comme jamais alors qu’elle a accepté la proposition d’Alina Gurdiel, directrice de la collection « Ma nuit au musée » chez Stock, de rester enfermée toute une nuit dans le musée de la Punta Della Dogana à Venise.
J’ai adoré le dialogue qu’elle entretient avec les oeuvres qu’elle découvre au cours de sa déambulation alors que les musées lui apparaissent « comme des lieux écrasants » où elle « se sent toute petite ».
J’ai adoré les sujets quelle aborde sur le ton de la confidence : son métier d’écrivain, son enfance à Rabat, ses peurs, ses sentiments face à l’injustice qu’a subi son père et qui l’a conduit à devenir écrivain (« Ecrire a été pour moi une entreprise de réparation. Réparation intime, liée à l’injustice dont a été victime mon père. Je voulais réparer toutes les infamies: celles liées à ma famille mais aussi à mon peuple et à mon sexe. réparation aussi de mon sentiment de n’appartenir à rien, de ne parler pour personne, de vivre dans un non-lieu »), son engagement féministe, sa vision du tourisme, les écrivains qu’elle convoque au fil des pages (Tchekhov,Virginia Woolf, Emily Dickinson, Philip Roth, Etel Adnan, Salman Rushdie à qui elle dédit le livre…), la condition des femmes marocaines, le voyage, le mouvement, l’identité (« On me demande de quelle origine je suis et je réponds parfois que n’étant ni une pièce de viande ni une bouteille de vin je n’ai pas d’origine mais une nationalité, une histoire, une enfance »).
J’ai résisté à vous livrer plus de citations de ce livre que j’ai eu envie de « stabilosser » du début à la fin tellement ce qu’elle y dit me parle.
Un texte de commande qui s’avère être un petit joyau, une réflexion passionnante et intime sur le sens de l’écriture, «Écrire, c’est jouer avec le silence, c’est dire, de manière détournée, des secrets indicibles dans la vie réelle».
Aux Editions Stock