J’étais curieuse de lire ce premier roman et je remercie mon amie Carole qui me l’a envoyé de Casablanca, étant donné qu’à Marrakech, côté livres, nous sommes ravitaillés par les corbeaux.
Abigail Assor, née à Casablanca en 1990, a fait des études de philosophie et de sociologie à Paris puis à Londres et a travaillé dans la communication et l’art contemporain avant de se lancer dans l’écriture. Avec ce livre, elle nous ramène dans le Casablanca des années 90 (sous le règne d’Hassan II), dans les pas de Sarah, une jeune française de 16 ans qui se trouve du mauvais côté de la barrière dans ce monde ultra codifié et ultra ghettoïsé régi par l’argent où les riches ne se mélangent jamais aux pauvres.
Mais comme elle est française, elle parvient pendant un temps à cacher sa condition et à naviguer entre les deux mondes, refusant de se résigner, prête à tout pour s’en sortir. Sa planche de salut, c’est Driss, un jeune homme au nez crochu et aux « yeux de thym » (j’adore la métaphore) qui est plus riche que le roi, c’est dire… « Avec son fric, il n’y aurait plus jamais de flic, plus jamais de lois – ce serait eux deux, la loi » espère Sahra .
Je ne spoilerai pas plus l’histoire. Tout ce que je peux vous dire c’est que j’ai beaucoup aimé ce premier roman à l’écriture à la fois sensuelle et pure, à la galerie de portraits justes (Casablanca y compris), qui décrit une réalité toujours d’actualité et qui aborde de manière subtile des sujets comme la jeunesse impuissante face au poids de la société, la drogue, l’homosexualité, l’avortement, l’antisémitisme.
Aux Editions Gallimard